CEA LETI

Le vieillissement de la population dans les pays développés va accroitre la pression sur les systèmes de santé de plusieurs manières : augmentation du nombre de maladies chroniques et de leurs conséquences, coût du traitement de la vieillesse, augmentation naturelle du nombre de traitements même chez les personnes non victimes de maladies chroniques et diminution relative de la population active.

Un des enjeux des pays développés est donc de contenir le niveau de financement des systèmes de santé tout en conservant la même qualité de soin. Une des solutions est le concept de système médical personnalisé; Une nouvelle génération d’applications et d’outils pour les utilisateurs et les professionnels des systèmes de santé pour un suivi continu et ubiquitaire de l’état de la personne, de l’évolution de sa maladie et pour la fourniture de conseils à suivre afin de mieux gérer son état. Définis par le groupe de travail européen PHS 2020 ou le groupe international « Continua health alliance », ces systèmes sont basés sur les 3 éléments suivants:

• De nouveaux systèmes de captures et de transmissions d’informations basés sur des capteurs (physiologiques, biomédicaux,…) portés par la personne et des systèmes disposés dans son environnement (pilulier électronique, qualité de l’air,…).
• Un système de collecte des données des capteurs capables de les traiter en les couplant avec des informations relatives au patient (passif, état) et des informations expertes (professionnels de santé, industrie pharmaceutique) pour produire des informations sur l’état de santé individuel.
• Et un système de conseils à partir de ces mesures déterminés soit par de manière automatisée, soit à l’aide d’un service de télémédecine.

De tels systèmes commencent à être développés et leur adoption pourrait contribuer à diminuer les pressions sur les systèmes de santé de différentes manières.

Suivi, prévention et aide au traitement des maladies chroniques :

Une contribution sera par exemple dans un meilleur suivi des maladies chroniques. Par exemple pour les gens souffrant de problèmes cardiaques ou de diabète, comme le système Diabéo qui est un carnet de relevé de glycémie et d’insuline électronique sur smartphone. Et dans quelques années le système « Diabeloop » composé d’un capteur de glucose continu, d’une pompe à insuline et d’un smartphone et qui vise, en plus d’intégrer ces fonctions de suivi à distance de la maladie, de produire des conseils et une régulation de l’injection d’insuline afin d’améliorer le traitement de la maladie.

D’autres systèmes sont également en cours de développement non pas pour le traitement mais pour la prévention. Par exemple les systèmes développés pour le suivi de l’activité physique et la dépense énergétique (projet ANR SVELTE) qui n’ont pas pour objectif de suivre une maladie, mais de prévenir tout un ensemble de maladies par une meilleure hygiène de vie et pour lesquels le modèle économique est, en général, difficile à identifier car en marge des systèmes de santé.

Replacer l’individu au centre de sa santé – e-santé:

Un autre exemple contribution de ces nouvelles technologies sera le soutien à l’essor de l’e-santé. Ces systèmes de santé personnalisés vont mesurer de manière continue tout un ensemble d’informations sur les paramètres (physiologiques, biologiques, etc…) de l’individu et également prédire tout un ensemble de conseils/recommandations. L’individu sera donc mieux informé de son état et également de l’impact de son comportement sur son état de santé.

Le déploiement des systèmes de santé personnalisés va donc être accompagné d’une évolution des pratiques médicales et en particulier une évolution des relations entre l’individu et son système de santé. L’individu aura plus d’informations et de conseils, se responsabilisera et aura une approche plus consumériste de sa santé.

De nouvelles technologies… mais aussi des défis d’acceptabilité:

Les nouvelles technologies pour la santé auront donc divers impacts sur les systèmes de santé publique : meilleure prévention ou un meilleur suivi des maladies chroniques, contribution à l’évolution des comportements qu’elles pourront supporter, etc…

Néanmoins un défi important et souvent peu adressé par les technologues est celui de l’acceptabilité de ces systèmes pour leurs futurs utilisateurs. Ces systèmes vont être par nature invasifs, omniprésents et ne seront efficaces que si acceptés et compris par la personne. Ce défi de l’acceptabilité est donc un défi majeur pour ces systèmes, et doit être adressé par les technologues et avec les bons partenariats en même temps que leurs développements technologiques.